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La médina
de Tétouan, telle qu’elle se présente aujourd’hui,
est le résultat d’une refonte et d’une fusion de différentes
cultures autochtone, ottomane, européenne et andalouse.
A travers son urbanisme, son architecture, ses traditions
et ses mœurs, Tétouan reflète parfaitement cette
notion d’acculturation et d’assimilation des autres cultures
plus particulièrement la culture andalouse qui a exercé
une grande influence sur le goût artistique des tétouanais,
sur leur mode d’aménagement et d’organisation de l’espace,
et d’une manière générale sur leur mode
de vie social et culturel. Tétouan semble avoir existée
depuis la conquête arabe, elle fut connue sous le nom
de Tittawin qui signifie sources en langue berbère.
Elle fut mentionnée dans les écrits des historiens
et géographes arabes dés le XI ème et
XII ème siècles comme une ville fortifiée.Certains
auteurs attribuent la fondation de cette ville au soufi andalous
Sidi Abdelkader Tabine qui s’installa à Tétouan
vers 1148 J.-C et commença à urbaniser le site
de Tétouan pour la première fois par la construction
d’un ensemble de demeures, d’une
mosquée, des boutiques et des moulins. En 1286 Abou
Youssef Ya’coub le Mérinide fit construire la Qasba
de Tétouan qui a été utilisée
comme base militaire pour le siège de Sebta. Et en
1307, nous rapportent les historiens, Abou Tabit Emir mérinide
fit construire un grand faubourg autours de cette Qasba qui
a été bâti par son prédécesseur.
Il s’avère par la suite qu’aux environ de 1437 la ville
a été détruite, probablement par les
Portugais de Sebta, elle reste ruinée et abandonnée
jusqu’à la fin du XV ème siècle où
elle fut reconstruite à nouveau.
Selon de nombreuses sources historiques, la reconstruction
de la ville de Tétouan devrait se situer vers 1492-93,
juste après la chute de Grenade. Elle était
l’oeuvre d’Abou Al Hassan Ali Al Mandari un réfugié
andalou de la région de Grenade. Selon ces informations
la ville de Tétouan avait participé à
côté de Chefchaouen dans un combat contre Sebta
en 1487, et qui a conduit à la capture de son gouverneur.
Juste après sa reconstruction en 1493 et au moment
où toutes les villes de la côte méditerranéenne
étaient occupées par les Portugais et les Espagnols,
la ville de Tétouan était devenue à la
fois une base du Jihad, un centre de négoce et un foyer
de piraterie parmi les plus renommés dans le bassin
méditerranéen.
Parallèlement à ces activités, la ville
continuait à attirer d’autres flux migratoires d’origine
andalouse et allait connaître un grand développement
urbain qui s’est traduit par la création de nouveaux
quartiers qui se sont greffés au premier noyau formé
de Hay Al-Balad et la Qasba de Sidi Al-Mandri.
La médina de Tétouan qui, dans sa trame urbaine
comme dans l’interprétation architecturale de ses édifices,
reflète une notion de tolérance religieuse et
culturelle parmi les plus grandes au Maroc,
représente aujourd’hui un héritage culturel
humain qui conjugue à la fois des siècles d’histoire
et surtout des structures socio-économiques et des
modes d’organisation de l’espace qui trouvent leurs références
dans la cité islamique traditionnelle de l’occident
musulman et surtout de l’Andalousie musulmane.
La médina de Tétouan s’étend sur une
superficie de 50 hectares et se ferme à l’intérieur
d’une muraille historique dont le périmètre
est estimé à 5000m2. C’est un espace urbain
complexe qui reflète la complexité même
de la vie et ses activités ; ville à la fois
militaire, religieuse et mystique, ville commerçante
et enfin diplomatique à un certain temps, ce centre
historique se caractérise malgré tout par la
simplicité et la fragilité de son patrimoine
architectural et de son paysage urbain, c’est surtout un site
à une échelle humaine, il se caractérise
surtout par le traitement que par le volume de ses monuments.
L’enceinte
: La médina de Tétouan est entourée
d’une enceinte qui fait 5 Km de périmètre, son
épaisseur est de 1.20 m. La hauteur depuis la base
jusqu’au sommet des merlons varie entre 7 et 5 mètres
suivant la topographie des lieux. L’entrée à
la médina s’effectue par les sept portes qui percent
cette enceinte de tous les côtés. La construction
de cette enceinte s’est effectuée sur plusieurs étapes
entre le XV ème et le XVIII ème siècles.
Kasaba de Sidi al-Mandri Elle domine l’angle Nord-Ouest de
la ville primitive. Cet emplacement lui permettait de contrôler
tous les accès à partir d’un mirador qui surélève
un bastion. L’ensemble des monuments qui forment la Qasba
dite de Sidi al-Mandri a été construit à
la fin du XV ème siècle lors la reconstruction
de la médina de Tétouan. Formée d’une
forteresse, d’une mosquée cathédrale, d’une
maison et d’un petit Hamam. Cette Qasba constituait, jadis,
le siège d’un pouvoir politique un Ribat et une forteresse
militaire et aussi un lieu d’habitat pour le fondateur et
ses proches.
La
Qasba de Jbel Dersa : Elle existe sur Jbel Dersa
au nord de la médina les restes d’une Qasba qui est
mentionnée dans les textes historiques, que les habitants
appellent al-Kasaba. Cette citadelle dont on ignore la chronologie,
pourrait être la Qasba du XIII ème siècle
que le souverain Mérinide avait construit pour le siège
de Sebta qui était entre les mains des Bani al-Ahmar
de Grenade.
Hisn
Sqala est un ouvrage fortifié, une batterie
qui flanque la porte dite Bab al-Oqla ou porte de la mer.
Cet ouvrage fut construit pendant la première moitié
du XIX ème siècle sur ordre du sultan alaouite
Moulay Abderahmane
La grande mpsquée (Djama’l-Kbir ) Située au
quartier al-Balad à proximité du Mellah al-Bali
au centre de la médina, cette mosquée a été
construite par ordre du Sultan Moulay Solayman en 1808 comme
l’indiquent les textes historiques et une inscription de datation
reprise sur la porte principale du monument.
Mosquée
al Bâcha. La mosquée dite Djama’ al
Bâcha située au Mechouar près du palais
royal. Elle fut construite vers 1737-1738 par ordre du gouverneur
de Tétouan et Tanger Ahmed Er-Rifi.
Fontaine Bab al-Okla. La ville de Tétouan
abrite plus d’une vingtaine de fontaines murales qui constituent
des points d’approvisionnement en eau à la fois pour
les habitants de la ville ainsi que pour les visiteurs. Parmi
les fontaines les plus belles par leur décor en zellige
et leur aspect architectural décoratif on cite entre
autre la fontaine qui donne face à l’entrée
de la porte dite Bab al-Okla. Cette fontaine fut construite,
comme l’indique une inscription gravée sur la frise
en zellige qui surplombe son bassin, par le Caïd gouverneur
de la ville Mohamed Loukache au milieu du XVIII ème
siècle.
Foundouk
al-Lebbadi. Ce Foundouk se trouve à Avenue
Sidi Talha, perçant le tronçon ouest de l’enceinte.
C’est un équipement socio-économique qui servait
comme dépôt, étable et lieu d’hébergement
pour les commerçants qui fréquentent la ville
surtout autant le jour du Souk hebdomadaire. Cet édifice
qui garde encore sa fonction initiale fut construit fort probablement
au XVIII ème siècle.
Demeures
historiques de Tétouan. La médina de
Tétouan compte un nombre important de grandes demeures
traditionnelles qui traduisent le degré de développement
de l’architecture domestique et dans cette ville dite fille
de Grenade.
Parmi ces demeures somptueuses on peut citer d’exemple de
la maison Lebbadi qui peut être visitée. Demeure
du XIX ème siècle, elle appartenait au Pacha
Lebbadi et elle est implantée dans le plus vieux noyau
de la médina, ayant perdue sa fonction d’habitat, cette
demeure a été convertie en palais des fêtes.
La
medersa et la mosquée dite « de loukach »:
La medersa ainsi que la mosquée qui s’y accole furent
construites en 1758 par les soins du Caid Omar Loukach sur
ordre du Sultan alaouite Sidi Mohamed Ibn Abdellah.
La medersa a été construite pour servir de pension
pour le logement des étudiants venus essentiellement
des régions environnantes pour suivre des études
en théologie dans les différentes mosquées
de la médina notamment la grande mosquée. |
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