|
Point
de rencontre des deux mers: la Méditerranée
et l'Atlantique, Tanger est aussi bien marquée par
son histoire que par sa position stratégique entre
l'Afrique et l'Europe. De ce fait, elle représente
un carrefour de civilisations entre l'Orient et l'Occident.
La ville et son arrière-pays bénéficient
de conditions géographiques propices à l'installation
humaine permanente depuis les temps préhistoriques
attestés dans les grottes d'Achakkar, d'El-Khil, les
sites de plein-air de Tahaddart et la nécropole mégalithique
d'El-Mries qui témoignent de l'ouverture de la péninsule
tangéroise sur la Méditerranée occidentale.
L'arrivée
des marchands Phéniciens dans la zone de Tanger remonte
aux VIII-VIIème siècles av. J-C. Les nécropoles
de Aïn Dalia et de Djebila indiquent le degrés
important de l'influence phénicienne et carthaginoise
dans les populations tingitanes .La ville de Tanger doit son
nom à la mythologie antique qui situe "Tingis"
au delà des colonnes d'Hercules, et la confond à
"Tinga" épouse d"Antée",
fils de Poseïdon (dieu de la mer) et "Gaïa"
(la Terre).
En 44 av. J-C., Rome accorda à la ville de "Tingis"
le statut de cité romaine, en récompense à
son soutien contre Carthage.
Sous l'occupation romaine, Tanger devint probablement la capitale
de la Maurétanie tingitane.
Après le retrait de l'administration romaine à
la fin du 3ème siècle, Tanger tomba dans l'oublie
jusqu'à l'arrivée des premiers conquérants
musulmans au VIIIème siècle. Passée à
l'Islam, Tariq Ibn Ziad (711 J. C) , s'en servit pour préparer
et concrétiser la conquête d' al-Andalous.
A l'époque des Almoravides et des Almohades, Tanger
servit de base pour la reconquête d'al-Andalous et son
ralliement à l'empire du Maroc.
A partir du XVème siècle, la ville va connaître
une longue série d'occupations étrangères.
En 1471, les Portugais y débarquent et mettent en place
une enceinte renforcée de tours semi- circulaires et
de bastions.
Après une période d’occupation espagnole (1581-1640),
Tanger fût reprise de nouveau par les Portugais avant
d'être offerte en dote par l'Infante Katerine de Bagance
au roi Charles II d'Angleterre en 1661.
Soumise aux sièges répétés de
l'armée du sultan Moulay Ismaïl, installés
à la Kasba de Ghaylan et la Kasba de Beni Saïd
Bou Amar, Tanger fût reprise aux Anglais en 1684.
Sous les Alaouites Tanger récupéra son rôle
diplomatique, militaire et commercial. D'importantes constructions
ont été réalisées à l’intérieur
des remparts de la médina et aussi à l’extérieur:
des batteries (Bordj Dar al- Baroud, Bordj N'âam, Bordj
Amer, Bordj Dar Dbagh, Bordj al- Salam Bordj al- Hajoui),
des portes (Bab Kasba, Bab Marshan, Bab el- Bhar, Bab el-
Assa, Bab Haha Amrah, Bab Eraha, Bab al-Marsa, Bab Tourquia,
des mosquées et oratoires (la Grande mosquée,
Jamaa Jdid, Jamaa al-Kasba), des bains publics, fondouks (fondouk
Siaghine, hôtel Continental…), des fontaines, des palais
et demeures (palais de Kasba, palais du gouverneur anglais
-actuelle Dar Vidal-), consulat et légations, églises,
synagogues et autres.
Les remparts de la médina et sa Kasba :
Il se développe sur 2200m. Il devrait probablement
recouvrir une enceinte de l’ancienne « Tingis ».
Le rempart actuel date en grande partie de l’époque
portugaise (1471-1661). Il a été reconstruit
et consolidé d’abord par les Anglais entre 1661 et
1684, puis par les sultans alaouites , qui y ajoutèrent
des fortifications. Il est fortifié de sept batteries,
de bastion, et de tours (les batteries de Bordj N'âam,
Bordj Amer, Bordj Dar Dbagh, Bordj al- Salam, Tour des Irlandais…),
et percé de treize portes (Bab Kasba, Bab Marshan,
Bab Haha, Bab el- Bhar, Bab el- Assa, Bab Haha Amrah, Bab
Eraha, Bab al-Marsa…). Il délimite les cinq quartiers
de la médina ( la Kasba, Dar al-Baroud, Jnan Kaptan,
Oued Aherdan,et Bni Idder).
Le Palais de la Kasba (ou Dar Al Makhzan):
Il fût construit en 1740 par le Pacha Ahmed Ben Ali
Rifi, sur les ruines du bâtiment anglais « Upper
Castel ». Il contient un ensemble de dépendances
:
- le palais ou Dar al-Kbira constituée d'une salle
de trône (Qobbat an-nasr); de la coupole verte (al Qobba
al- Khadra), d'une cour et du Riad.
- Bayt al-Mal la mosquée
- le Mechouar
- les prisons
- Dar al-Maâz ou écuries
Actuellement le palais abrite le musée ethnographique
et archéologique de Tanger et sa région.
La Kasba de Ghaylan : Elle se situe sur la route
de Malabata, sur la rive droite de Oued al Halk, à
environ 2.5 Km à l’Est de la médina de Tanger.
La Qasbah fût construite en 1664 par al Khdar ou al
Khadir Ghaylan, pour mener la guerre sainte contre les Anglais
qui ont occupé la ville de Tanger de 1662 à
1684.
Cette forteresse est protégée par deux remparts
et des tours barlongues et semi-circulaires percés
au nord par une porte monumentale, défendue de part
et d’autre par deux bastions saillants. L’ensemble de ces
éléments défensifs offrent au monument
un caractère militaire notable.
La Grande Mosquée : Transformée
en église lors de l’occupation portugaise, elle fût
rendue au culte de l’Islam en 1684 par le Pacha Ali Ben Abd
Allah. Des travaux de reconstruction, de restaurations successives
et d’agrandissement y ont été portés
par les Sultans alaouites Moulay Ismaïl, Sidi Mohammed
Ben Abd Allah et surtout par Moulay Sliman (1812-1817).
Sa porte monumentale est richement décorée d’entrelacs,
de mosaïques et de faïences. Simple et modeste,
cette mosquée s'inscrit dans la tradition architecturale
des grandes mosquées alaouites.
Djama al-Kasba : Elle fait partie des dépendances
du palais Kasba. Construite au 18ème siècle,
dans la rue Ben Abbou, elle est considérée comme
l’une des mosquées les plus anciennes de la ville.
La Légation américaine : Ce
bâtiment fût offert aux Etats Unis d’Amérique
en 1821 par le Sultan Moulay Sliman, et restera durant 135
ans le consulat de ce pays. Il fût la première
propriété acquise par les USA à l’étranger.
Notons que le Maroc a été le
premier pays, avec la France, a reconnaître l’existence
de ce nouvel état. Après des années d'abandon
le bâtiment fut réhabilité en 1976 en
musée d'art. Il contient des salles d'exposition disposées
au tour d'un patio central de style hispano-mauresque, abritant
une collection de peintures et aquarelles réalisées
au Maroc du XVIIème au XXème siècle,
une bibliothèque générale en anglais,
une bibliothèque spécialisée dans l'histoire
du Maroc et du Maghreb et des salles réservées
à l’étude pour les chercheurs. Des conférences
et concerts y sont parfois organisés.
L’Eglise espagnole : Cet édifice a
d’abord appartenu au milieu du XVIIIème siècle
à deux familles juives. Vers 1760, le Sultan Sidi Mohammed
Ben Abd Allah l’a acheté pour le céder au gouvernement
suédois, qui y installera son premier consulat en 1788.
En 1871, le gouverneur espagnol acquiert l’édifice
pour l’aménager en résidence pour des franciscaines
de la mission catholique, et y construire une grande église
appelée la « Purisima » (la très
pure) désignant ainsi « Meriem ». Depuis
une vingtaine d’années, la « Purisima »,
de moins en moins fréquentée par les Chrétiens,
va se consacrer à des activités sociales.
|
|