|
Le Maroc
possède une cuisine qui a 2000 ans d'histoire cultivée
avec des influences douces. Ils ont hérité des
Persans le mariage de viandes et de fruits et des Turcs, un
penchant pour le sucre glace et les sucreries. C'est ainsi
qu'on retrouve la pastilla, fleuron de la cuisine marocaine,
un feuilleté subtil, mélange de sucré
et de salé parfumé à la cannelle. Il
existe depuis peu des variantes - poisson, fruits de mer,
abats - mais c'est toujours un plat de fête que l'on
sert en début de repas et qui peut compter une cinquantaine
de couches de pâte fine entre lesquelles on dépose
un mélange subtil d'oignon, de pigeons (ou de poulet),
de persil, d'oeuf dur et d'amandes. Il existe aussi les briouats,
des feuilletés de bœuf que l'on sert chauds disposés
en couronne autour d'une soucoupe de sucre glace et de cannelle.
À
côté de ce raffinement, le couscous représente
la cuisine paysanne, une base de semoule qu'on mouille de
bouillon chaud ou de sauce. Chez les Berbères, il est
parfumé au lait de brebis ou de chèvre. C'est
le traditionnel déjeuner familial du vendredi; il varie
selon les régions ... à l'agneau, au poulet
et olives, au poulet et pruneaux, aux merguezs, etc. Fait
à partir de semoule de blé dur, il est cuit
à la vapeur. Pour le manger, il faut prendre une poignée
de semoule dans la main et en faire une boule avant de la
manger. Le couscous se fait dans une couscoussière
. C'est en somme un chaudron, dans lequel on fait cuire le
poulet ou l'agneau avec les légumes, chapeauté
d'un autre chaudron muni d'un couvercle. Ce deuxième
chaudron est ni plus ni moins une passoire. La vapeur de cuisson
monte par les multiples trous pour faire gonfler et parfumer
la semoule. Une fois cuite, on la verse en monticule dans
un grand plat creux au centre duquel on creuse un puits pour
y déposer viandes et légumes.
Les Marocains
aiment les arômes riches et fleuris, notamment ceux
du safran, du cumin et de la coriandre. Chaque cuisinier prépare
son mélange d'épices pour parfumer soupes et
ragoûts. La Kama associe le poivre noir, le curcuma,
le gingembre, le cumin et la noix muscade.
La viande
d'agneau et de mouton tiennent la première place. Ce
dernier possède même son jour de fête,
l'Aïd el-Kebir (ou Aïd el-Adha) qui commémore
le sacrifice d'Abraham. La fête du mouton se tient chaque
année le Premier Moharrem, le premier jour de l'hégire
de l'an musulman. On retrouve aussi beaucoup de poulet et
parfois de la chèvre selon les régions.
La viande est cuite sur la broche "mechoui" ou en
tajine, un ragoût longuement mijoté avec des
fruits, notamment des dattes, des pruneaux, des citrons au
sel, dans un plat en terre cuite vernissé dont le couvercle
très haut ressemble à un chapeau de sorcière.
Il permet à la vapeur de monter et de redescendre pour
une cuisson à l'étouffée. En hiver, surtout
dans les montagnes, la température descend relativement
bas. La tajine est placée sur les charbons du foyer
et on la relève d'un peu plus d'épices pour
se réchauffer tout en dendans.
Il existe
un autre ustensile bien typique et un plat bien populaire:
La Tanjia marrakchia. C'est à la fois le nom d'un pot
en terre pansu et celui d'un met délicieux à
base de mouton et d'épices. On y jette pêle-mêle
tous les ingrédients, on la secoue pour mélanger
et il n'y a plus qu'à la fermer avec du papier et de
la ficelle et à la porter au hammam où le "farnachi"
sera chargé de l'enfouir dans les cendres chaudes pour
au moins 4 heures de cuisson à l'étouffée.
C'est
un plat fait par les hommes pour les hommes, la gourmandise
préparée par les célibataires pour une
soirée ou une sortie champêtre où l'on
jouera aux cartes en faisant de la musique.
Au Maroc,
on retrouve aussi des cuissons en casserole, en kdra dans
laquelle les viandes sont saisies au smen, un beurre très
goûteux, assez fort. Puis on mouille avec de l'eau qu'on
parfume avec beaucoup d'oignons, des épices, un bâton
de cannelle et on laisse mijoter.
Nombreux
sont ceux qui commencent la journée par une grand bol
de soupe. La harira est la soupe nationale. Pendant les 30
jours du mois de Ramadan, chaque maison prépare ce
potage parfumé, imprégnant les rues de son odeur
à l'heure du coucher du soleil. On rompt alors le jeûne
(f'tour) avec cette riche soupe à base de viande, lentilles,
pois chiches, que l'on mange avec les beghrirs, petites crêpes
en nid d'abeille servies avec du beurre fondu et du miel,
les shebbakias, gâteaux frits dans l'huile et enrobés
de miel. Cette " légère " collation
permet d'attendre le vrai dîner qui se déroule
plus tard dans la nuit.
La chermoula
est la préparation de base pour assaisonner la plupart
des poissons dans les recettes marocaines, qu'ils
soient frits, cuits en tajines avec des légumes ou
bien farcis et cuits au four. C'est un mélange de coriandre,
d'ail, de piment doux et fort, de cumin et de gros sel mouillé
au jus de citron et à l'huile d'olive.
Un repas
traditionnel ne serait pas complet sans des fruits et surtout
de nombreuses pâtisseries
* Mahancha
- pâtisserie fine fourrée aux amandes
* Righaif - crêpe au miel et aux graines de sésame
* gâteaux au miel
* Cornes de gazelles
* Feqqas aux amandes, aux raisins secs
* Ghoriba aux amandes, au sésame
* shebbakia - gâteaux frits dans l'huile et enrobés
de miel etc.
Le thé
à la menthe est un signe d'hospitalité. On vous
le sert bien chaud et bien sucré à toute heure
de la journée chez le marchands de tapis, sous une
tente berbère ou au salon d'un grand hôtel. Servi
dans un petit verre, il est versé très haut
pour en enlever toute âcreté. On retrouve aussi
le Chiba, un thé à l'absinthe.
Puis,
quand vient le soir, les gargotiers s'installent. Alors les
quinquets et les étoiles s'allument et les fumets des
viandes rôties, du couscous, de la harira, des beignets
emplissent l'air de la nuit. Dans la médina, le spectacle
continue avec ses souks, labyrinthe d'ombre et de lumière,
ramifié à l'infini sous des treillages de roseaux,
festival marocain de couleurs, de sons, de parfums qui invitent
à suivre le rythme de la foule, à pénétrer
plus avant dans la culture marocaine.
On monte
sur la terrasse respirer la douceur du soir. On pose les plats
sur la table basse et on prend le temps de vivre.
|
|