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Le village
balnéaire de Moulay Bouselham se trouve à 70
km au nord de la ville de Kénitra et à 35 km
au sud de celle de Larache. Il fait partie du territoire de
la province de Kénitra (cercle de Lalla Mimouna). Situé
à mi-chemin entre Tanger et Rabat, le village est tourné,
d'un côté vers l'Atlantique, et de l'autre vers
la Lagune de Merja Zerga.
Moulay
Bousselham porte le nom de son Saint enterré entre
la côte et la lagune, et sur la tombe duquel, des milliers
de marocains viennent se recueillir chaque été,
le temps d'un moussem organisé par les autorités
locales.
Les nombreux marabouts présents à Moulay Bousselham
et autour de la lagune témoignent sur une certaine
relation entre celle-ci et les saints enterrés à
sa proximité. Ce qui est conforté par des légendes
locales.
Hassan Dalil, accompagnateur touristique, raconte que «
Moulay Bousselham était venu de l'Egypte avant de se
fixer aux abords de la Merja Zerga. Il est mort lors de la
bataille de Oued El Makhazine en 1578 (Bataille des trois
rois)». D'autres saints se sont installés dans
la région et l'on compte aujourd'hui pas moins de sept
dispersés dans le village.
Outre le mausolée de Moulay Bousselham, le village
contient les marabouts de Sidi Abdeljalil Tayar, Sidi Abdeljalil
Laglaoui, Sidi Abdellah, Sidi Ahmed Chahed, Lalla Mannana
et Sidi Larbi Ayachi. « Chaque saint se spécialise
dans le diagnostic d'une maladie ou dans le dénouement
d'un problème de société », expliquent
les indigènes qui ne sont pas tous originaires du village.
La plupart des résidences sont secondaires, qui appartiennent
aux Marocains résidant à l'étranger ou
aux quelques familles étrangères, souvent non
habitées, fermées et bien gardées. Hassan
Errabah, résidant au village, dévoile que «
de 4000 personnes qui vivent dans le cercle de Lalla Mimouna,
plus des deux tiers ne sont pas originaires de Moulay Bousselham.
Seulement une vingtaine de maisons appartiennent aux indigènes
qui détiennent des petits commerces».
Moulay
Bousselham est avant tout une zone touristique par excellence.
Le site est apprécié pour ses plages et sa lagune,
riche de milliers d'oiseaux qui vivent dans la Merja Zerga.
Celle-ci s‘appelle la Merja Zerga qui dépend, à
la fois, des communes de Moulay Bouselham et de Sidi Mohamed
Lahmer.
Il s'agit d'un véritable parc naturel où l'on
peut notamment observer des colonies de hérons et des
flamants roses. Juste après l'agriculture, la pêche
représente l'une des principales activités exercées
par les chefs de familles. Dans ce cadre, un nouveau hall
de vente de poissons est en cours de construction. Ces activités
sont souvent combinées à d'autres secondaires
comme l'élevage, l'artisanat, le commerce, l'accompagnement
des touristes, etc.
Seulement, le village et les douars environnants souffrent
d'un manque criard d'infrastructures de base, d'espaces socio-éducatifs
et d'espaces verts. « L'urbanisation a été
faite d'une façon anarchique sans prendre en compte
que le site de la Merja Zerga est une réserve biologique
et sans prendre en considération l'aspect esthétique
et paysager de la zone », nous confie Ali Aghnaj, coordinateur
national du programme WWF (le Bureau mondial pour la nature).
L'habitat informel est important mais recouvre des situations
juridiques très variées.
La croissance de ce genre d'habitat s'explique par les régularisations
périodiques de fait opérées par les pouvoirs
publics. Au développement de nouveaux quartiers informels
répondent assez rapidement des équipements collectifs
: eau, électricité, voirie, écoles …
«Dans certains quartiers de Moulay Bousselham, l'eau
usée émanant des douches et des fosses septiques
de certaines habitations stagne sur des rues non bitumées,
pourrissant ainsi des crevasses dans lesquelles se forment
les nids de moustiques. A cela, s'ajoute l'eau de vaisselle
versée ici et là par les femmes.
Autant de situations insalubres que les autorités locales
essayent en vain de combattre », nous renseigne un fonctionnaire
de la Commune qui a voulu garder l'anonymat. Livrée
à elle-même, la cité est devenue un véritable
dépôt d'ordures constitués en gros de
déchets agricoles.
Parce que les habitants jettent ces ordures au milieu d'un
vaste champ de sacs en plastique, des décharges sauvages
ont élu domicile à l'entrée du village
et dans les forêts d'Eucalyptus. La population locale
de cette zone humide compte plus de 16.000 habitants dont
un millier occupent le centre urbain de Moulay Bousselham.
Le reste est réparti sur les 17 douars localisés
dans le pourtoir de la lagune. Le douar le plus célèbre
n'est autre que Douar Dlalha, très connu pour ces fameuses
pastèques cultivées localement. Ces douars sont
alimentés en eau potable par bornes fontaines de la
Commune rurale. Les eaux des canaux de drainage ne sont pas
consommables.
Aux dires des habitants, elles provoquent des intoxications,
voire la mort des animaux qui viennent s'abreuver. Le risque
de contamination des nappes phréatiques n'est pas utopique.
« Pour déféquer, ils se cachent, au loin,
à l'ombre des murs parce que les baraques ne sont souvent
dotées que de fosses septiques provisoires. Celles-ci
reçoivent les eaux usées découlant de
lavabos et de toilettes de façade. Périodiquement
et malgré toutes les précautions d'usage, ces
fosses se remplissent. C'est alors que les bidonvillois se
mettent en famille à l'œuvre pour les vider en profondeur
et jeter les déchets liquides puisés dans des
terrains vagues. Et, pour ne pas indisposer les voisins, l'évacuation
se fait à une heure très tardive de la nuit
», décrit un jeune homme avec un regard fougueux.
En l'absence d'un réseau d'assainissement, les déchets
solides et liquides sont directement jetés dans la
Merja zerga ou dans l'océan atlantique. On raconte
que l'assainissement s'effectue au moyen de fosses septiques
qui seront supprimées au fur et à mesure de
l'édification d'un réseau collectif. «
En remplaçant ces fosses septiques par l'égout,
on réduit considérablement les risques de pollution
des nappes phréatiques mais on risque aussi de polluer
davantage les eaux de surface ! », nous éclaire
Tahar, un employé du service d'assainissement de la
Commune. « Au fait, toutes les zones côtières
de la région du Gharb-Chrarda-Beni Hssen restent encore
marginalisées.
Le caractère rural de la région influence clairement
l'architecture des logements et des douars ruraux. Ces derniers
sont localisés, au voisinage des points d'eau et d'une
manière irrégulière sur des grandes étendues
de terres agricoles riches », commente un habitant.
Dans certaines baraques, des habitants ont transformé
une de leurs pièces en petites épiceries sans
porte, dotées uniquement de petites fenêtres
permettant juste aux vendeurs de remettre aux clients (les
voisins en général) la marchandise demandée. |
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