Le
Maroc et le commerce
équitable
"Le
juste et l'équitable sont identiques et quoique tous
deux soient désirables, l'équitable est cependant
préférable"
Aristote 384-322 BC
LE COMMERCE
EST L’ACTIVITÉ D’ÉCHANGE DE BIENS ET DE SERVICES
ENTRE DES PERSONNES. CETTE ACTIVITÉ EST INDISPENSABLE
À TOUTE SOCIÉTÉ. MAIS L’ORGANISATION
ACTUELLE DU COMMERCE SE FAIT SOUVENT À L’INSU DU PRODUCTEUR
COMME DU CONSOMMATEUR : LE PRODUCTEUR NE CONNAÎT PAS
LA DESTINATION DE SON PRODUIT, LE CONSOMMATEUR EN IGNORE LA
PROVENANCE RÉELLE.
par Abdelghani AYADI
Cette situation entraîne un déplacement des marges
vers l’aval (les producteurs voient leur marge s’éroder
sous la pression des industriels et des distributeurs), appauvrissant
les producteurs au plan économique, dans l’organisation
de leur travail et dans la satisfaction de leurs besoins essentiels,
ainsi que ceux de leur famille.
Ce commerce
est responsable de la dégradation des termes de l’échange
(pendant que le prix des matières premières
décroît systématiquement sur le marché
mondial, le prix des produits finis, que les pays producteurs
de ces matières premières importent des pays
industrialisés, augmente).
Placés
dans ce contexte, les producteurs fabriquent des biens dans
des conditions de travail souvent inhumaines, voire d’esclavage.
Les conséquences sont alors déplorables tant
pour eux que pour l’environnement (social, économique,
écologique, culturel).
Cette
réalité se vérifie dans l’ensemble du
commerce, tant au niveau local qu’international.
Le commerce équitable
Face
à ce constat, l’objectif est de permettre aux producteurs
et aux consommateurs de vivre leur dignité et leur
autonomie, en retrouvant la maîtrise et le sens de leurs
actes.
Des changements
structurels sont nécessaires dans la pratique du commerce
actuel.
Le commerce
équitable crée les conditions requises pour
atteindre cet objectif.
En effet,
le commerce équitable organise les échanges
autour de critères impératifs, qui peuvent être
vérifiables à tout moment, et d’autres critères
qui s’inscrivent davantage dans une démarche de long
terme, que chaque acteur du commerce équitable cherche
à atteindre.
Nos engagements
impératifs ont trait aux droits élémentaires
de l’homme et à la transparence des relations permettant
à chacun de faire valoir ses droits. Les autres engagements
ont trait à une amélioration indispensable de
l’organisation de la filière, mais doivent tenir compte
des contextes de départ.
Engagements impératifs
Dans
une approche solidaire du commerce équitable, travailler
d’abord avec les producteurs parmi les plus défavorisés,
dans le cadre d’un développement durable. Refuser systématiquement
une quelconque forme d’esclavage ou de travail forcé,
y compris l’exploitation des enfants. Contractualiser entre
les différents partenaires des garanties portant sur
: le prix du produit qui permet une juste rémunération
des acteurs économiques. Celle-ci prend en compte leurs
besoins et ceux de leurs familles, notamment en termes de
formation, de santé, de protection sociale... la qualité
des produits, le versement d’un acompte, lorsque les organisations
de producteurs n’ont pas le fonds de roulement nécessaire
pour acheter la matière première, ou pour vivre
tout simplement entre la commande et le règlement final.
le délai
de livraison.
Privilégier
des relations commerciales durables avec les producteurs.
Pour eux, c’est la durée qui assure l’avenir. Assurer
la transparence dans le fonctionnement des différents
partenaires, qui passe par une information réciproque
à chaque étape sur les conditions de travail,
les salaires, la durée des relations, les processus
de production et de distribution, les prix, les marges...
Accepter le contrôle sur le respect de ces principes,
à chaque étape du processus.
Critères de progrès
Une organisation
participative respectueuse de la liberté d’expression
et de l’avis de chacun. Cela peut se traduire dans un groupe
par une prise de décision démocratique, ou dans
une entreprise, par la négociation entre patronat et
syndicats...
Le respect
de chacun, sans discrimination aucune. L’élimination
du travail des enfants en utilisant les moyens les plus adaptés
dans l’intérêt de l’enfant. Le travail des enfants
ne peut être toléré que dans une période
transitoire, en vue d’une scolarisation ou d’une formation.
Souvent, l’arrêt immédiat du travail des enfants
générerait des conséquences plus préjudiciables
encore aux enfants et à leur famille.
La valorisation
des potentiels locaux des producteurs : utilisation d’une
matière première ou d’un savoir-faire locaux.
Une production
et une distribution favorisant une utilisation raisonnée
des matières premières et des sources d’énergie,
ainsi que leur renouvellement. Le circuit le plus court et
le plus simple possible entre producteurs et consommateurs.
L’encouragement
des producteurs à l’autonomie, en privilégiant
la diversification des débouchés, notamment
sur le marché local. L’activité économique
doit être rentable en elle-même, et donc parfaitement
distincte d’autres formes de financements.
Un engagement
des acteurs envers leur environnement socio-économique.
Par exemple, les bénéfices réalisés
sont réinvestis dans l’entreprise et/ou dans des programmes
de développement à caractère collectif,
économique, écologique ou social, y compris
la formation.
Une information
qui permette :
au consommateur
d’effectuer un achat fondé et responsable, à
l’acte d’achat de relier le producteur au consommateur. Le
commerce équitable ne s’établit pas seulement
à travers une relation économique, mais favorise
des échanges culturels et sociaux avec les producteurs,
ou tout au moins avec les pays auxquels ils appartiennent.
Ce texte
est notre définition commune du commerce équitable.
Il manifeste que nous avons des objectifs convergents, qui
serviront de tremplin à des actions de promotion et
de défense du commerce équitable.
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